mardi 15 décembre 2009

Introduction à la philosophie politique. Démocratie et révolution de Raymond Aron

Introduction à la philosophie politique. Démocratie et révolution se trouve être le texte d'un cours professé à l'ENA en 1952. Dans ce cours introductif, Raymond Aron considère la philosophie politique comme un effort pour « organiser systématiquement une interprétation des sociétés aboutissant à des conclusions pratiques ». Il s'écarte ainsi de l'approche normative qui aboutit à dire comment la politique devrait fonctionner (Kant) pour s'intéresser plutôt à la politique telle qu'elle fonctionne et se rapproche ainsi de la vision inductive. Il part des problèmes propres à la vie en commun des hommes tels qu'ils se révèlent dans l'expérience historique (Machiavel, Montesquieu, Tocqueville). La brève étude de la pensée des auteurs-phares des années 30 et 40 que sont Alain et Maurras permet de mettre en avant l'idée qu'il existe en France plus des idéologies que de réelles philosophies politiques. Ce sont des idéologues sans expérience de la politique réelle. Leurs « philosophies » présentent des caractéristiques communes : elles sont oppositionnelles, pragmatiques, tournées vers le passé. Il montre ainsi l'épuisement des idéologies politiques françaises et part de l'indistinction entre la droite et la gauche pour interroger le fondement moderne de l'opposition politique : la conception démocratique et la conception révolutionnaire.

I. La démocratie

1/ Définition de la démocratie comme institution

La démocratie est « l'organisation de la concurrence pacifique en vue de l'exercice du pouvoir ». Cette définition de la démocratie est faite selon les institutions et non pas selon les idées. L'enjeu est d'éviter de passer par des idées transcendantes telles que la souveraineté populaire, la liberté ou l'égalité et de définir la démocratie simplement comme un système institutionnel ayant sa propre logique et impliquant un certains nombre de conséquences.

Pour que la concurrence soit pacifique, il faut un certain nombre de garanties comme des libertés politiques, des partis politiques et le respect de l'opposition. Ces garanties sont les conséquences de l'institution démocratique : pour que la concurrence soit pacifique, il faut que les libertés politiques soient reconnues. La concurrence ne pouvant se faire seulement entre des individus seuls, ils sont amenés à former des groupes pour la conquête du pouvoir : les partis politiques. Enfin, le parti politique au pouvoir pour préserver les conditions de la concurrence pacifique doit permettre aux partis dans l'opposition de s'exprimer et doit leur laisser la possibilité d'arriver au pouvoir par la voie des élections.

Les formes de la démocratie peuvent être décrites selon l'acceptation ou non par les partis de la concurrence pacifique. La forme d'une démocratie est conditionnée par l'acceptation ou non des règles de la concurrence. Si un parti refuse ces règles posées par la Constitution, alors une élection a pour enjeu la Constitution elle-même. Raymond Aron fait une différence de nature entre les démocraties qui acceptent le système de la concurrence et celles qui le refusent.

Le principe de la démocratie est l'acceptation du compromis. Sans accord sur le fait que la concurrence se fait selon des règles acceptés par tous et pacifiquement, il n'y a pas de démocratie. Si un groupe veut réaliser des changements par la violence, on sort de la démocratie pour entrer dans la révolution. Le principe de la démocratie ce n'est donc pas la vertu comme le dit Montesquieu, mais « l'esprit de compromis. La vertu dans une démocratie consiste à accepter les règles qui sont posées parce que d'autres ne valent pas forcément mieux. Ce n'est pas une vertu au sens moral, c'est une vertu au sens d'acceptation du compromis et de respect des règles. Comme la démocratie est une réalité humaine, elle est imparfaite et porteuse d'une dimension irrationnelle. Ainsi « tous les régimes politiques sont des solutions imparfaites ». Ce qui fait la supériorité de la démocratie sur les autres régimes, c'est moins son efficacité que la défense des individus contre les excès de pouvoir qu'elle permet.

La démocratie est une oligarchie qui se réclame de certains idéaux qu'elle essaye d'appliquer : la souveraineté du peuple, l'égalité et la liberté. Concernant la souveraineté du peuple, la compétition électorale apparaît comme la traduction la plus fidèle possible puisqu'il n'est pas possible de réunir matériellement tous les citoyens pour gouverner. L'idée que le peuple choisit ses gouvernants est une idée révolutionnaire, puisque la tendance naturelle des gouvernants est de justifier leur pouvoir par toute sorte de notions métaphysiques. La notion métaphysique sur laquelle la démocratie s'appuie a un caractère particulier : elle reconnait que les gouvernants sont au service des gouvernés. L'autre traduction possible de l'idée de souveraineté populaire, est celle que seul le peuple peut gouverner, ce qui conduit à la dictature du peuple. Mais cette traduction méconnaît la réalité démocratique selon laquelle l'expression du peuple ne peut se faire que dans le cadre d'une constitution, c'est-à-dire encadrée dans des règles juridiques. Concernant la liberté, la compétition électorale garantit seulement sa dimension politique, mais pas le tout de la liberté. Cette liberté politique constitue cependant la seule formule de légitimité des gouvernants dans l'esprit des individus des sociétés industrielles. Enfin, concernant l'égalité, la compétition électorale implique aussi sa dimension politique. Comme ce sont les gouvernés choisissent leurs gouvernants, il est logique que le suffrage s'élargisse, voire que l'égalité s'élargisse à d'autres domaines, ce qui l'amène à s'opposer à la liberté des personnes.

A partir de cette analyse, deux tendances dans le système démocratique se dégagent : une tendance libérale et une tendance populaire. Dans la tendance libérale, on limite les pouvoirs de l'Etat et on renforce les pouvoirs de l'individu au moyen d'une constitution. C'est la méthode anglaise d'élargissement progressive des libertés aristocratiques. Elle correspond à la vision de Locke : on garantit les droits des personnes contre l'arbitraire du pouvoir. C'est une vision pessimiste : les hommes ne sont pas bons, il faut donc laisser peu de pouvoir aux gouvernants. Dans la tendance populaire, le peuple est tout puissant et veut aboutir à un maximum d'égalité. C'est la méthode française du renversement violent de l'autorité traditionnelle par une autre autorité fondée sur un principe absolu favorisant l'égalitarisme et le régime étatique. Elle correspond à la vision de Rousseau : il est plus important de garantir l'origine populaire du pouvoir que de limiter les pouvoirs. C'est une vision positive de la nature humaine : les hommes sont bons donc il faut qu'ils se gouvernent eux-mêmes.

2/ Instabilité et corruption de la démocratie

Il existe trois causes profondes de l'instabilité de la démocratie qui sont intimement liées à son essence : l'organisation du mécontentement, la dissociation entre pouvoir politique et puissance sociale, et la tolérance des ennemis de la démocratie au sein de la démocratie.

L'organisation du mécontentement désigne cette tendance que tout groupe écarté du pouvoir a d'expliquer aux gouvernés qu'ils sont mal traités par les gouvernants, alors que la tendance normale des gouvernants consiste justement à chanter leurs propres louanges. La démocratie est essentiellement le seul régime qui incite les gouvernés à protester contre les gouvernants. Cette organisation du mécontentement à développe l'esprit du compromis, l'esprit de faction et la rivalité des pouvoirs. L'esprit du compromis est la tendance de choisir un conciliateur plutôt qu'un chef, d'où parfois le risque que le compromis soit poussé trop loin, comme lorsqu'elles ont affaire à des régimes totalitaires. L'esprit de faction est la tendance des partis à juger les problèmes en fonction de leurs intérêts propres, ce qui entraîne une « politisation de la vie administrative » et un dévoiement de la conscience par l'administration de l'intérêt commun vers les intérêts partisans. La rivalité des pouvoirs peut être exacerbée au point d'entraîner la paralysie : c'est le cas des régimes parlementaristes où les gouvernants perdent tout moyen d'agir.

La dissociation du pouvoir politique et de la puissance sociale est également une caractéristique propre des démocraties. Les démocraties sont les seuls régimes où les puissants socialement (entrepreneurs, hommes d'affaire) ne sont pas forcément les gouvernants, et où les gouvernants peuvent être recrutés dans les classes les moins privilégiées. Cette dissociation peut amener à des conflits qui peuvent conduire le régime à sa perte. Or pour parvenir à maintenir le système, il est important que les représentants des moins privilégiés aient l'impression qu'ils peuvent monter et qu'ils ont une chance dans le système sans être contraints de faire la révolution. L'enjeu est de leur faire accepter la lenteur des réformes. Basée sur le compromis, la démocratie ne peut être qu'un système lent. Elle est aussi un pouvoir faible : elle doit en passer par la progressivité des réformes et ne peut pas comme les régimes fascistes ou révolutionnaires imposer d'un coup énormément de choses.

La tolérance des ennemis de la démocratie au sein de la démocratie est la dernière cause d'instabilité des régimes démocratiques. « La démocratie est le seul régime qui se croie tenu, par ses principes, de ne pas se défendre contre ses ennemis ». Au plan théorique, aucun régime ne peut se définir par le fait qu'il ne se défend pas : ceux qui veulent préserver le système de concurrence pacifique ont le droit de se défendre. Au plan pratique en revanche, se défendre contre les ennemis de la démocratie peut amener au nom d'idéaux à pratiquer un despotisme intégral. Il est donc difficile de situer le point à partir duquel l'opposition devient illégitime. Il peut arriver que les ennemis de la démocratie deviennent plus forts que ses partisans. Sur le plan des idées, les communistes et les fascistes ont des revendications qui sont liées au système de la concurrence qui contribue à dissoudre l'unité nationale (oubli de la nation) et l'unité sociale (division en classes). Sur le plan des faits, la démocratie en idée est une aspiration plus immédiate que la démocratie réelle : difficile en effet de demander aux hommes de se passionner pour un système qui se définit comme l'acceptation de toutes les passions et de tous les adversaires.

3/ L'action propre du système de la compétition

Dans l'ordre politique, le système de la compétition tend au suffrage universel. L'idée politique de la démocratie a une logique propre qui conduit d'une part à dévaloriser le prestige social du pouvoir et à faire circuler les élites. Comme les gouvernants en démocratie se reconnaissent au service des gouvernés, ils perdent leur prestige propre. Or tout gouvernement qui souhaite être fort s'entoure d'une auréole sacrée. Un régime démocratique est un régime prosaïque où les gouvernants sont des hommes comme les autres, qui sont donc dépourvus de tout prestige particulier. En outre, une élite gouvernante qui recourt au système démocratique est obligée d'accepter son propre renouvellement en s'ouvrant à l'extérieur, sans quoi elle risque d'entraîner des crises graves et définitives. Le maintien de la démocratie exige donc un équilibre entre deux forces : la hiérarchie traditionnelle et le renouvellement des élites.

Dans l'ordre économique, le système de la compétition tend à accentuer l'évolution des sociétés industrielles dans un sens égalitaire. Avec la démocratie politique, les sociétés industrielles développent progressivement une obsession des problèmes économiques. Les sociétés démocratiques pensent comme si les problèmes économiques étaient décisifs. La raison en est que la compétition politique entraîne les candidats à une démagogie qui flatte les intérêts particuliers non pas d'individus, mais de groupes. La démocratie conduit à une forme de socialisme qui la rend peu compatible avec le libéralisme politique. Le libéralisme économique et le libéralisme politique ne vont donc pas de pair car les sociétés industrielles n'ont aucune raison de s'infliger les duretés d'une concurrence économique et brutale. La prospérité économique et la répartition suffisante entre les groupes de ses bienfaits est nécessaire à la survie de la démocratie. Les gouvernants doivent accepter ces règles de l'intégration des différents groupes, sinon les groupes ignorent les nécessités de l'unité nationale et se divisent sur tout.

Ces deux tendances sont contradictoires : alors que l'évolution politique du système parlementaire tend à l'affaiblissement du pouvoir, l'évolution économique du système démocratique tend à l'extension des fonctions de l'Etat. L'Etat est de plus en plus étendu et donc de plus en plus faible, et il perd de son prestige, de sa capacité d'action et de décision à mesure que ses fonctions s'étendent. Deux conditions sont donc nécessaires à la survie de la démocratie. La première est l'existence de la pluralité des forces et des dirigeants politiques qui respectent les règles d'un jeu lent, processuel et basé sur le compromis.

II. La révolution

1/ La transformation du marxisme en millénarisme

A la différence de la démocratie, le marxisme se définit moins par ses institutions que par une conception particulière de l'histoire. Il faut donc partir des idées pour saisir la spécificité de ce régime. La « conception marxiste » vise à démontrer que la réalisation d'une nouvelle société humaine par la révolte du prolétariat est une nécessité de l'histoire. Selon Marx, le développement du système capitaliste conduit par lui-même à la révolution prolétarienne et donc à sa propre perte. Cette autodestruction vient du fait que l'essor du capitalisme conduit à développer le prolétariat tout en accroissant les inégalités internes à la société. L'une des principales contradictions du capitalisme est d'accroître les forces de production (les moyens de produire qui se développent indéfiniment : par exemple, le nombre d'ouvriers) tout en laissant inchangés les rapports de production (le système juridique de la propriété reste le même). Le capitalisme doit donc mourir de lui-même.

L'autodestruction du capitalisme permet de révéler la « conception marxiste » de l'histoire. Selon cette conception, la dissociation en classes est un mal nécessaire. C'est à ce moment là qu'émerge le millénarisme ou l'optimisme catastrophique qui est l'acceptation dogmatique et satisfaite que les luttes dont le capitalisme est porteur amèneront un dépassement fécond vers une société sans classe. Cette conception est réductrice car elle revient à affirmer que tous les maux de la société sont liés à l'aliénation économique.

Le millénarisme est le nom donné à une secte chrétienne qui croyait que le retour du Christ marquerait le début d'un royaume de mille ans sur la terre au cours duquel toutes les misères de l'existence ordinaire seraient effacées. Dans une perspective sociologique, le millénarisme est le règne humain qui mettrait fin à l'injustice, à la misère et à l'autorité ordinaires.

Le bolchévisme affirme une conception strictement déterministe des luttes de classe. Il apporte l'idée que pour avoir une capacité d'action efficace, le prolétariat doit être organisé dans un parti comportant des révolutionnaires professionnels soumis à un comité central avec une discipline rigoureuse. Il précise également à travers la théorie de la révolution permanente que même si le capitaliste est récent en Russie, le prolétariat au pouvoir peut faire évoluer la révolution jusqu'au régime socialiste.

Ces deux éléments permettent au marxisme de devenir une pensée millénariste. Si c'est l'action du prolétariat encadré par un parti et que la révolution a pour objectif de le mettre au pouvoir, alors on a les conditions concrètes pour établir un nouveau régime. La révolution vaut alors comme un absolu : tous les moyens peuvent être mobilisés pour atteindre ce but. Comme le parti est l'émanation du prolétariat, qu'il doit prendre le pouvoir, il faut également lui reconnaitre un caractère absolu. Comme dans la conception chrétienne, le schéma historique de la révolution socialiste donne naissance à une histoire sacrée qui est incarnée par l'histoire du parti bolchévik lui-même. Dans ce contexte, l'orthodoxie ne peut être que la conformation à la tactique du parti, seule décision valable absolument, et non plus seulement la conformation aux grandes lignes de la stratégie.

2/ La comparaison des institutions révolutionnaires et démocratiques

D'un point de vue institutionnel, le régime soviétique aussi appelé la démocratie populaire se caractérise par « le monopole de l'activité politique ». Ce monopole met fin au pluralisme de la démocratie par le biais d'une doctrine officielle unique. Tout système de parti unique entraîne logiquement le monopole idéologique pour le parti et la mise au pas de la presse et des universités. En outre, les rivalités pour le pouvoir cessent d'être visibles. Aucun mécanisme constitutionnel ne permet de promouvoir ou d'écarter certains individus. Le n°1 est tout puissant : ce système est obligé de créer un homme unique détenteur de l'autorité suprême. Enfin, ce système suppose la mise en place d'une propagande à l'usage des masses qui d'une part, ouvre une soupape de sécurité au mécontentement qui ne peut pas ne pas exister, et d'autre part, exalte le système dans son ensemble.

La démocratie apparaît ainsi comme le contraire de la révolution. Or la tendance générale conduit souvent à associer ces deux termes, la révolution amenant la démocratie. Il s'agit en réalité de deux choses opposées. Si la démocratie se caractérise par l'acceptation de l'autre, la révolution est le refus d'accepter celui qui pense autrement. En outre, la démocratie est la compétition pacifique pour l'exercice du pouvoir, alors que la révolution est la violence au nom d'un principe incarné dans un parti.

Il existe cependant des relations réciproques entre la démocratie et la révolution. En tant qu'idéologie, elles appartiennent à un même genre s'opposant aux régimes politiques fondées sur la tradition. Il est normal de commencer la démocratie par une révolution parce que le passage d'une légitimité traditionnelle à une nouvelle légitimité démocratique engendre des résistances. La rupture implique toujours une certaine violence au départ, mais cette violence n'est ensuite plus compatible avec la démocratie.

On va donc de la révolution à la démocratie, mais il est possible aussi que la démocratie dégénère en révolution. Pour éviter cela, il faut assurer le respect de la légalité et le respect du caractère pacifique de la lutte. Le jeu de la démocratie peut amener des « virtualités révolutionnaires » lorsque le régime fait de nombreux mécontents. Ces virtualités nécessitent certaines conditions : des masses nombreuses et qui ressentent un sentiment d'injustice, le non respect de la procédure démocratique et un esprit révolutionnaire.

La philosophie de la démocratie est une philosophie de la méfiance, du soupçon, de la critique et de l'équilibre. La démocratie se justifie davantage par une philosophie pessimiste car sa principale vertu consiste à limiter les pouvoirs par les pouvoirs. Selon cette vision, la nature humaine est fondamentalement imparfaite et ce qui fait que tout homme qui dispose d'un pouvoir est tenté d'en abuser. Il ne faut donc pas demander un régime parfait. La démocratie part de l'idée qu'il ne faut pas faire trop confiance aux hommes au pouvoir.

Mais il y a des philosophies optimistes de la démocratie qui servent à la révolution. Le système de pensée optimiste commence par affirmer que le groupe d'hommes incarne la liberté contre l'oppression, ce qui lui permet d'aménager les conditions de la liberté, puis d'obliger les autres hommes à être libres. Il identifie ce qui lui résiste au mal et concentre ses efforts contre lui en vue d'établir une société bonne. Mais comme le mal peut continuer une fois les institutions mauvaises écartées, le processus révolutionnaire continue indéfiniment. Le totalitarisme n'est autre qu'une « philosophie optimiste révolutionnaire », puisque la défense du Bien par un groupe justifie la violence de la société existante.

Conclusion

Les révolutionnaires croient toujours que l'histoire a un sens : c'est-à-dire à la fois une direction et une signification. Cette idée de la signification de l'histoire a une origine chrétienne. Le christianisme pose que Dieu a créé le monde, il y a donc un début, mais il y a aussi une fin de l'histoire qui correspond au retour du Christ et au Jugement dernier. La réalité devient ainsi historique, avec un début et une fin. Vient ensuite au XVIIIe le thème de la sécularisation repris par une pensée antichrétienne, mais qui reste tributaire d'une vision chrétienne de l'histoire parce que fondée dans la croyance au progrès. La conception optimiste de l'histoire marxiste est un « prophétisme » qui relève d'un autre domaine que celui de l'histoire positive : la religion politique.




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